BIBLIOGRAPHIE

(en langue française)

 

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Régnier-Bohler, Danièle, le Cœur mangé, Paris, Stock, 1979. La Légende arthurienne, Paris, Laffont, 1989.

Zumthor, Paul, Merlin le Prophète, Lausanne, 1943.



[1] L’église romane est tout entière bâtie pour la méditation intérieure et individuelle, tandis que l’église ogivale, dite gothique, est bien davantage destinée à des célébrations collectives et à une plus grande surveillance dogmatique des fidèles. Cela représente, à ce stade de l’évolution historique, un changement radical d’attitude religieuse.

[2] Je me suis abondamment expliqué sur le personnage et ses transformations dans mon ouvrage le Roi Arthur et la société celtique, Paris, Payot, 1976, nouv. éd. 1989.

[3] Voir mon étude sur Merlin l’Enchanteur, Paris, nouv. éd., Albin Michel, 1992.

[4] Sur ce sujet, voir mon étude sur Lancelot et la chevalerie arthurienne, Paris, Imago, 1985.

[5] Le prototype est un récit irlandais, Diarmaid et Grainné, bien antérieur à la version française du XIIe siècle. Voir J. Markale, l’Épopée celtique d’Irlande, Paris, Payot, 1978, ainsi que la Femme celte Paris, Payot, nouv. édit. 1992.

[6] Au Moyen Âge, le terme est transcrit sangréal, ce qui peut être compris de deux façons : « saint graal » ou « sang royal » (sang réal). J’ai analysé les métamorphoses du Graal dans un essai intitulé le Graal, Paris, Retz, I982, édition abrégée de poche, I989.

[7] Il y a, dans cet épisode, le souvenir d’un état social gynécocratique antérieur à l’instauration du patriarcat, et probablement une réminiscence du fameux mythe des Amazones.

[8] C’est l’un des noms anciens de la Grande-Bretagne, et qui lui est d’ailleurs resté avec une vague nuance péjorative (la « perfide Albion » !). Le mot, qui s’apparente au latin albus, blanc, provient d’une racine pré-indo-européenne signifiant « blancheur » par l’intermédiaire de termes celtiques. On en reconnaît la trace dans le nom des Alpes (à cause de la blancheur de la neige). Il est probable que l’île de Bretagne a été ainsi nommée à cause des brumes persistantes qui ont dû frapper les premiers navigateurs, et qui ont pu lui donner l’aspect d’une masse blanchâtre. Il faut noter que le gallois et breton bann (gaélique beann) a le double sens de « hauteur » et de « blancheur » (racine celtique vindo).

[9] Le procédé est parfaitement authentique. D’après différentes études archéologiques, il a été utilisé à partir de la fin du néolithique et s’est maintenu pendant tout l’âge du fer, c’est-à-dire à l’époque celtique.

[10] Cet épisode est conforme à la tradition biblique contenue dans la Genèse, VI, I-4, à propos des mystérieux « Fils des Élohîm » (les anges ?), qui tombent amoureux des « Filles du Glébeux », descendent sur terre, s’unissent à elles et engendrent des géants qui infestent le monde. Cette croyance en l’existence d’une race gigantesque est commune à tous les peuples.

[11] Cette première partie du chapitre a été empruntée à un récit anglo-normand contenu dans un manuscrit de la fin du XIIIe siècle, édité par G. E. Brereton, Oxford, I937. Traduction française intégrale par Danièle Régnier-Bohler dans le Cœur mangé, récits érotiques et courtois, Paris, Stock, 1979, pp. 281-295.

[12] Cette partie de chapitre est extraite de l’Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, éditée par Edmond Faral, la Légende arthurienne, tome III, Paris, Bibliothèque des Hautes Études, 1927.

[13] C’est le nom générique des Irlandais mais, depuis le vie siècle, lorsque l’Écosse a été christianisée et gaélicisée par les Irlandais, le nom de Scots est devenu celui d’Écossais.

[14] Peuple d’origine controversée qui occupait l’Écosse lors de la christianisation et qui a reflué ensuite dans l’extrême nord de la Grande-Bretagne, ainsi que dans les îles Orcades et Hébrides.

[15] Il s’agit de l’île de Wight, au large de Plymouth et de Southampton, en latin Vectis.

[16] Il s’agit de l’île de Man, dans la mer d’Irlande.

[17] Ce sont les îles Orcades, au nord-ouest de l’Écosse.

[18] Le mont Snowdon, au nord-ouest du Pays de Galles.

[19] L’île d’Anglesey, en Gwynedd (Pays de Galles), dont le nom gallois est Môn.

[20] D’après l’Historia Brittonum, chronique attribuée à Nennius, contenue dans un manuscrit des IXe et Xe siècles (Ms. de Chartres, Revue celtique, XV, pp. 175 et suiv.), et dans un manuscrit des XIe et XIIe siècles (Harléian 3859, édité par Edmond Faral, la Légende arthurienne, I927, tome III, pp. 4 et suiv.).

[21] À l’origine, le terme désigne seulement l’Angleterre proprement dite, moins la péninsule de Cornwall-Devon. Par la suite, le « royaume de Logres » sera celui d’Arthur.

[22] Cela correspond à une migration des Belges en Grande-Bretagne, vers la fin du second siècle avant notre ère.

[23] Souvenir évident de l’expédition entreprise par le Gaulois sénon Brennus, en 387 avant notre ère, et qui aboutit à la prise de Rome par les Gaulois.

[24] C’est le Cassivellaunus dont parle César dans ses Commentaires.

[25] Cette première partie du chapitre est empruntée à l’Historia Regum Britanniae.

[26] Ce sont les équivalents des korrigans de la Bretagne armoricaine, ces petits êtres qui vivent à l’intérieur de la terre, sont possesseurs de nombreux secrets et trésors, et que l’on rencontre parfois sur les landes.

[27] C’est-à-dire à la fête celtique de Beltaine, correspondant à la fameuse fête germanique de la « Nuit de Walpurgis », lorsque tous les sorciers et sorcières se réunissent pour tenter d’attirer la malédiction sur les moissons et les troupeaux.

[28] Dinas Enrys est une petite colline isolée dans une vallée du massif du Snowdon (Éryri), dans le Carnavonshire, au nord-ouest du Pays de Galles.

[29] Ce thème du panier magique inépuisable est souvent exploité dans les récits de la tradition galloise. Il est identique à celui du chaudron d’abondance dans lequel on peut puiser indéfiniment de la nourriture. C’est une figure archétypale du Graal.

[30] L’épisode de « Lludd et Llevelys » est un récit gallois traditionnel contenu dans le « Livre rouge de Hergest », manuscrit du XIVe siècle. Traduction française intégrale dans Joseph Loth, les Mabinogion, Paris, 1913, tome I, p. 23I.

[31] C’est le Cunobelinos historique, qui a servi de modèle au Cymbeline de Shakespeare. Quant à Arvarwy, c’est le Mandubraccios dont parle César, qui aurait incité celui-ci à conquérir la Bretagne.

[32] D’après l’Historia Regum Britanniae et certaines « Triades de l’île de Bretagne ». Caradoc est le Caratacos historique qui nous est connu grâce à Tacite.

[33] D’après un passage des Iolo Manuscripts, traditions galloises diverses recueillies à la fin du XVIIIe siècle par le fondateur du néodruidisme Edward Williams, dit Iolo Morgannwg, et publiées en 1838 par son fils Taliesin Williams.

[34] Cette fin de chapitre est empruntée à Tacite (Annales et Agricola), ainsi qu’à Dion Cassius, chap. XLII.

[35] D’après diverses traditions gnostiques de la légende. Le thème est représenté sur les anciennes portes de l’église paroissiale de Mauron (Morbihan), actuellement à l’intérieur du sanctuaire. On y voit la pierre tomber derrière l’arbre de la Connaissance, alors qu’Adam et Ève sont en conversation avec le Serpent.

[36] On remarquera que dans cette version de la légende (celle de Robert de Boron), fortement inspirée des Actes de Pilate, l’arrestation de Jésus se déroule dans la maison de Simon et non dans le jardin de Gethsémani.

[37] On remarquera l’inversion : historiquement, Titus est le fils de Vespasien.

[38] Cet antisémitisme sournois est bien dans l’esprit du temps où a été rédigée cette version de la légende, aux environs de l’an 1200, et préfigure les mesures prises par Saint Louis (la rouelle jaune) pour différencier les Juifs des peuples de race « pure ». Ce qui est inquiétant ici (je ne fais que transcrire le récit médiéval), c’est la justification du génocide par des motifs religieux. Il est évident que l’Église romaine, héritière en grande partie de l’Empire romain, ne pouvait accepter que les Romains fussent responsables de la mort du Christ. Il fallait bien trouver un « bouc émissaire », au détriment de la vérité historique, puisque la crucifixion est un supplice spécifiquement romain réservé aux voleurs et aux agitateurs politiques. On ne sait que trop bien les aberrations qui ont découlé de cet état d’esprit.

[39] Le texte médiéval de Robert de Boron dit très exactement « les vaux d’Avalon » et identifie nettement ce lieu à Glastonbury, dans le Somerset, l’Urbs Vitra : ou Ynys Glas (« île de Verre ») des anciens textes monastiques.

[40] Le nom d’Évalach, qui apparaît seulement dans la version dite de Gautier Map, est présenté sous la forme Avalach dans la tradition purement galloise, et certaines Triades en font même le père de la fée Morgane. De toute évidence, il s’agit d’un nom de lieu et non pas de personne, ce lieu étant l’île Fortunée de la mythologie celtique, Ynys Avalach en gallois, devenue ensuite en français l’île d’Avalon. De toute façon, il y a ici une référence au Paradis celtique, l’île des Pommiers (insula Pomorum).

[41] Synthèse du Joseph de Robert de Boron (fin du XIIe siècle), édité par Bernard Cequiglini, le Roman du Graal, Paris, 10/18 1981, et du récit intitulé Estoire dou saint Graal, attribué – faussement – à Gautier Map, publié par Oskar Sommer, Washington, 1909.

[42] Il s’agit de Caernarvon, au nord-ouest du Pays de Galles.

[43] Ce début de chapitre est emprunté au récit gallois le Songe de Macsen.

[44] D’après l’Historia Regum Britanniae.

[45] Ces détails se trouvent dans l’Historia Brittonum, manuscrit de Chartres. La légende de Konan s’est largement développée en Bretagne armoricaine, surtout à cause de la famille des Rohan qui en fit, pendant très longtemps, son ancêtre mythique. Cependant la fiction recouvre une certaine réalité historique, celle qui concerne l’avance progressive des émigrants bretons vers l’est, sur les territoires occupés par les Gallo-Romains, puis par les Gallo-Francs.

[46] D’après la Chronique de Pierre Le Baud, historiographe d’Anne de Bretagne, dont il existe deux versions publiées par Charles de La Lande de Calan en 1908.

[47] Les détails sur ce complot sont empruntés à l’Historia Brittonum.

[48] Détail qui ne se trouve que dans la Vie de saint Germain. Il s’agit de Germain d’Auxerre qui, avec saint Loup de Troyes, avait été envoyé dans l’ïle de Bretagne pour prêcher contre les idées « hérétiques » de Pélage, fort répandues dans cette île en cette époque et suspectes de néopaganisme druidique.

[49] Coutume rituelle de conjuration magico-religieuse, fréquemment utilisée dans l’Antiquité chez la plupart des peuples, mais surtout chez les Sémites, y compris les Hébreux.

[50] D’après l’Historia Regum Britanniae et quelques épisodes du Merlin en prose, adapté d’un poème perdu de Robert de Boron (début du XIIIe siècle), édité par Gaston Paris et Jacob Ulrich, Paris 1886, traduction intégrale par Emmanuèle Baumgartner, Paris, Stock, 1980.

[51] Le peuple des Demetae a donné son nom au Dyved, au sud-ouest du Pays de Galles, où se trouve la ville de Carmarthen, en gallois Caerfyrddin, faussement traduit en « forteresse de Merlin ». En réalité, Caerfyrddin est la transposition moderne d’un ancien brittonique Moridunum, « forteresse près de la mer ». Myrddin (en breton Merzhin) est la transcription galloise du français « Merlin » (= petit merle).

[52] Forme galloise de Caledonia, désignant l’ancienne forêt qui recouvrait le territoire compris entre Carlisle et Glasgow, et où vécut le Merlin historique.

[53] Il faut savoir que dans la symbolique celtique, le sanglier est un emblème sacerdotal et l’ours un emblème royal. Dans ce déferlement délirant, il est question d’Arthur, le roi promis pour réunifier le royaume. Or, le nom d’Arthur provient d’un mot celtique (arth ou arz) signifiant « ours ».

[54] Ces délirantes vaticinations sont extraites de l’Historia Regum Britanniae.

[55] L’ensemble du chapitre est inspiré du Merlin en prose de la tradition de Robert de Boron.

[56] Les détails sur la mort de Vortigern sont empruntés à l’Historia Brittonum. Une variante prétend que le cœur de Vortigern éclata de désespoir. Une autre variante raconte que la terre s’ouvrit sous la tour et que Vortigern y fut enfoui avec tous les siens, et qu’on ne retrouva aucune trace de la citadelle.

[57] La description de l’Homme Sauvage est empruntée au récit irlandais de la Destruction de l’hôtel de Da Derga, texte gaélique édité et traduit en anglais par W. Stokes, Revue celtique, XXII. Une description analogue se retrouve dans le roman de Chrétien de Troyes, Yvain, ou le Chevalier au Lion.

[58] En fait, il s’agit d’une épithète galloise honorifique, constamment utilisée dans les poèmes de la tradition brittonique. Le nom de Pendragon, typiquement gallois, signifie réellement « tête de dragon », mais il a été souvent, par la suite, utilisé comme un titre sacerdotal. C’est notamment le cas chez certaines associations dites « culturelles » qui se réfèrent au néodruidisme.

[59] Cet épisode, commun à la version française du Merlin de Robert de Boron et à l’Historia Regum Britanniae, se réfère étroitement à la tradition mythologique irlandaise du « Lac des Herbes », signalée dans de nombreux récits gaéliques : le dieu de la médecine Diancecht avait en effet creusé une « Fontaine de Santé » dans laquelle il avait rassemblé un fragment de tous les végétaux d’Irlande, et cette fontaine guérissait toutes les maladies et toutes les blessures. Il y a là également une analogie avec le Chaudron de Renaissance et de Guérison, tel qu’il apparaît dans la tradition galloise, chaudron qui est un des prototypes du Graal chrétien.

[60] Il s’agit bien évidemment de l’étrange monument de Stonehenge, objet de nombreuses recherches scientifiques et de spéculations en tout genre. Ce monument date de la fin de l’époque mégalithique et a été transformé plusieurs fois à l’âge du bronze. Il se trouve au centre d’une zone particulièrement riche en tertres tumulaires, ce qui accrédite la légende de l’ensevelissement des guerriers tués à la bataille de Salisbury. Mais les renseignements donnés par les auteurs grecs, en particulier Diodore de Sicile, laissent penser qu’il s’agissait d’un véritable temple solaire. D’ailleurs, au solstice d’été, les rayons du soleil levant passent par l’allée centrale et vont frapper directement la pierre du milieu, ce qui n’est pas un hasard. Il faut signaler enfin que l’un des cercles du monument (il y en a en fait plusieurs) comporte des pierres bleues provenant du comté de Pembroke, à plusieurs centaines de kilomètres de là. La légende de Merlin et l’appellation de Chorea Gigantum (Danse des Géants) sont des réminiscences d’une époque très ancienne et démontrent qu’il s’agit d’un lieu sacré. Mais à partir de là, toutes les hypothèses sont permises sans qu’il y ait fatalement contradiction entre elles.

[61] D’après le Merlin de la tradition de Robert de Boron, avec des détails de l’Historia Regum Britanniae.

[62] Il faut se souvenir que le nom de l’ermite Blaise constitue un jeu de mot sur le nom du loup en breton et en gallois.

[63] Cette description est classique dans tous les récits gallois, irlandais ou français d’origine celtique. Le détail de la massue ne peut se comprendre que par référence au personnage irlandais du dieu Dagda, dont la massue tue lorsqu’on en frappe par un bout, et ressuscite si on en frappe par l’autre bout. Ce Dagda, représenté sur le célèbre vase gaulois de Gundestrup, semble être effectivement le maître des animaux sauvages, une image pittoresque des forces primitives, mais primordiales, de l’être humain originel.

[64] D’après le Merlin attribué à Gautier Map. L’épisode de Grisandole-Avenable est en fait un conte populaire très répandu et intégré dans la légende arthurienne.

[65] Il s’agit bien entendu de la célèbre Fontaine de Barenton, localisée dans la forêt de Paimpont-Brocéliande, en Bretagne armoricaine, à la limite des départements du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine. Voir J. Markale, Merlin l’Enchanteur, Paris, Albin Michel, 1992, et Brocéliande et l’énigme du Graal, Paris, Pygmalion, 1989.

[66] Synthèse du récit gallois Owen et la Dame de la Fontaine, traduit par Joseph Loth dans les Mabinogion, Paris, 1913, tome II, et du roman Yvain ou le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes (dernier quart du XIIe siècle).

[67] La légende est localisée au Llyn Tegid, ou Bala Lake, près de la ville de Bala, dans le nord-ouest du Pays de Galles.

[68] C’est-à-dire au début de la Nuit de Beltaine, la grande fête celtique du début de l’été, correspondant à la Nuit de Walpurgis germanique.

[69] Étymologie populaire, et très discutable, du nom de Taliesin, historiquement barde du roi Gwyddno, puis du roi Uryen Reghed, au VIe siècle, devenu ensuite, dans la légende, une sorte de prophète et magicien. Voir mon chapitre « Taliesin et le Druidisme » dans les Celtes et la civilisation celtique, Paris, Payot, 12e éd. 1992.

[70] Maelgwn que, dans sa chronique en latin de Excidio Britanniae, le moine Gildas appelle Magloconnus est un personnage historique du VIe siècle, qui fut roi de Gwynedd, le nord-ouest du Pays de Galles. La tradition monastique n’est pas tendre envers lui, le rendant responsable de nombreux malheurs survenus en son temps, et le considérant comme un véritable tyran. La légende de Taliesin et les poèmes qui sont attribués à ce barde reprennent toutes ces accusations.

[71] Cette énumération des vertus et devoirs des bardes est parfaitement conforme aux célèbres « Lois de Howell Dda », rédigées au Xe siècle au Pays de Galles. La fonction de barde, dans un milieu chrétien, est une survivance de l’époque druidique : la classe sacerdotale celtique comportait en effet trois principaux degrés : druide proprement dit, barde et devin. Voir J. Markale, le Druidisme, Paris, Payot, 2e éd. 1989.

[72] Heinin le Barde, personnage historique qui aurait vécu de 520 à 560 à Llancarvan.

[73] Désignation galloise de la constellation Cassiopée. Dôn est un des noms de la Déesse Mère universelle, la Dana irlandaise et l’Anna bretonne. On remarquera ici un mélange ahurissant de traditions celtiques archaïques, de réminiscences bibliques et de notions gnostiques.

[74] Fils de la déesse Dôn et célèbre magicien de la tradition galloise.

[75] D’après l’Histoire de Taliesin, texte médiéval contenu dans un manuscrit de I758 conservé à la Library of Welsh School de Londres, édité dans la Myvyrian Archaeology of Wales (I, I7). La rencontre de Taliesin et de Merlin est empruntée aux poèmes attribués à l’un et à l’autre, et contenus dans les manuscrits gallois Livre Noir de Carmarthen et Livre Rouge de Hergest. Voir J. Markale, les Grands Bardes gallois, Paris, Picollec, I98I.

[76] Ce début de chapitre est inspiré par les poèmes attribués au barde Myrddin-Merlin contenus dans les deux manuscrits gallois, le « Livre Noir » de Carmarthen et le « Livre Rouge » de Hergest, notamment par un curieux dialogue prophétique entre Taliesin et Merlin qui sont supposés en être conjointement les auteurs.

[77] Forteresse sur la côte du Merionethshire, au Pays de Galles.

[78] Au sud de l’île de Môn (Anglesey), au nord-ouest du Pays de Galles.

[79] Cette étonnante histoire, qui a son pendant exact dans un épisode du récit irlandais l’Ivresse des Ulates, est la réminiscence d’un antique rituel d’initiation et de régénération par le feu pratiqué vraisemblablement lors de la fête de Samain, le premier jour de l’année celtique, au premier novembre.

[80] D’après la seconde branche du Mabinogi gallois.

[81] D’après le récit gallois du Songe de Rhonabwy (J. Loth, les Mabinogion, I, pp. 347-377) et des poèmes attribués – vraisemblablement avec raison – au Taliesin historique.

[82] D’après le Merlin de la tradition de Robert de Boron.

[83] D’après les Annales de Cambrie, cette bataille aurait réellement eut lieu en 573. Arderyd est généralement identifié à Arthuret, au nord de Carlisle.

[84] Le texte des Annales de Cambrie ajoute, à propos de cette bataille d’Arderyd : et Merlinus insanus est.

[85] D’après le texte latin de la Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth (1135 environ), éditée par Edmond Faral, la Légende arthurienne, tome III, et certains poèmes gallois attribués au barde Myrddin-Merlin.

[86] C’est l’équivalent du gâteau breton appelé kouign-amann.

[87] Dans le symbolisme celtique, l’aulne représente la royauté traditionnelle et l’if est un arbre druidique aux pouvoirs magiques. Dans cet épisode, Merlin est considéré comme l’image la plus parlante du renouveau celtique très teinté de néodruidisme.

[88] D’après un récit gallois, Merlin le Sauvage, contenu dans un manuscrit de 1674 et datant des environs de 1530, édité par Thomas Jones, Études celtiques, VIII, pp. 328 et suivantes. Ce récit qui a subi les influences de la Réforme semble cependant puisé à une source très ancienne.

[89] D’après un poème attribué à Myrddin-Merlin.

[90] Toutes les versions de la légende insistent sur l’ambiguïté qui existe entre Blaise et le nom celtique du loup.

[91] D’après deux poèmes gallois attribués au barde Llymarch Hen.

[92] D’après la Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth.

[93] Les détails sur Kaï et Bedwyr sont empruntés au récit gallois Kulhwch et Olwen, qui est, au point de vue chronologique, la plus ancienne œuvre littéraire ayant Arthur pour héros. On remarquera que Bedwyr (que les romans en langue française appelleront Beduier) a toutes les caractéristiques du dieu manchot indo-européen représenté par Tyrr dans la tradition germano-scandinave, par Mucius Scaevola dans l’histoire mythologique romaine et par Nuada à la Main d’Argent dans l’épopée gaélique d’Irlande. Kaï (prononciation exacte du gallois Keu, graphie sous laquelle il apparaît souvent dans les romans français) a les caractéristiques du dieu germanique Thorr, mais il a évolué sensiblement dans les romans français et anglais en devenant le type du fanfaron et même du médisant. En fait, c’est un provocateur. De toute façon, les textes les plus primitifs, en particulier les documents monastiques qui font mention d’Arthur reconnaissent en Kaï et en Bedwyr ses compagnons les plus fidèles et les plus anciens.

[94] Détail rigoureusement exact du point de vue archéologique. Les forteresses de type celtique étaient des enclos situés sur des hauteurs ou des promontoires où coulait l’eau d’une source qu’on canalisait et répartissait à travers les habitations, des huttes de pierres et de branchages surmontées d’un toit de chaume. Les fouilles du Mont-Beuvray (Bibracte), ancienne forteresse des Éduens, mettent en relief cette antique technique de l’eau courante à domicile.

[95] Triades de l’île de Bretagne, n° 63, Livre Rouge de Hergest, dans J. Loth, les Mabinogion, tome II, pp. 270-27I.

[96] Détail emprunté au récit gallois épisodique l’Histoire de Tristan, édité et traduit par J. Loth, Revue celtique, XXXIV, pp. 358 et suiv.

[97] Triade 63.

[98] Vie latine de saint Carannog, XIIe siècle, attribuée au moine Lifris. Ce texte est caractéristique de la « mauvaise réputation » d’Arthur et de ses compagnons primitifs dans la tradition monastique insulaire. Voir J. Markale, le Roi Arthur et la société celtique.

[99] D’après les Aventures des fils d’Eochaid, récit gaélique d’Irlande contenu dans le manuscrit « Livre Jaune de Lecan », publié par With-ley Stokes, Revue celtique, XIV. Le thème revient dans un texte arthurien anglais, le Mariage de Gauvain, et dans de nombreux contes oraux traditionnels. Cela paraît une transcription d’un antique rituel d’intronisation royale telle qu’il y en avait en Irlande (comme ailleurs) sur la fameuse « Pierre de Tara », ou encore dans une étrange cérémonie hiérogamique racontée par le chroniqueur Giraud de Cambrie, dans sa Description de l’Irlande (début du XlIIe siècle), quand, au moment de son entrée en fonction, le roi doit copuler avec une jument.

[100] La Toussaint correspond à la grande fête celtique de Samain, la plus importante du calendrier, et qui constitue le début d’une nouvelle année. Pendant la nuit de Samain, on dit que les tertres sont ouverts, c’est-à-dire que le monde des morts est en communication avec celui des vivants dans une abolition temporaire du temps et de l’espace, ce qui est parfaitement conforme à l’idée chrétienne de la Communion des Saints.

[101] C’est la signification exacte du nom Excalibur, en breton Kaledvoulc’h, en gallois Caledfwlch, en gaélique Caladbolg, l’épée du roi Nuada, que, dans la tradition druidique, les Tuatha Dé Danann avaient ramenée des îles du nord du monde en même temps que la lance magique et le chaudron d’abondance.

[102] D’après le Merlin de la tradition de Robert de Boron.